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Revue du film "Deux Moi" de Cédric Klapisch

  • Photo du rédacteur: BDAsgel
    BDAsgel
  • 23 sept. 2019
  • 3 min de lecture

Ne vous est-il jamais arrivé de vous sentir profondément seuls face à l’immensité de la ville ?

Perdus dans le fourmillement de la capitale, vous croisez chaque jour des milliers de semblables sans jamais les rencontrer, vous les voyez sans jamais les regarder, ils vous entourent mais ils sont invisibles. Habitants de la jungle urbaine, vous marchez chaque matin comme des millions d’autres vers votre travail et vous rentrez chaque soir dans votre petit chez vous. Bondés dans la ligne 13, on pousse, on sue, on râle, on a qu’une hâte : c’est de sortir de là et de rentrer à la maison. C’est finalement tout le paradoxe de la vie parisienne : vivre en permanence au milieu des autres, où nous ne sommes qu’un anonyme et où nous avons souvent du mal à exprimer notre individualité.


La solitude urbaine est un des thèmes qu’évoque Cédric Klapisch dans son nouveau film Deux Moi qui est un de ses plus intimes. Après la mythique trilogie de l’Auberge espagnole, Les Poupées Russes et Casse tête chinois, avec laquelle il décuplait les joies du vivre-ensemble, le réalisateur nous livre un autre film sur sa ville de prédilection : Paris. Ses quartiers, ses habitants, son étendue ont toujours fasciné Klapisch qui nous le montre dans Chacun cherche son chat et… Paris, mais cette fois la capitale semble menaçante, trop vaste et trop dense pour nos deux protagonistes.


Rémy (François Civil) et Mélanie (Ana Girardot) sont deux jeunes trentenaires venus s’installer à Paris pour y trouver du travail et qui se retrouvent finalement isolés dans leur vie affective et sociale. Ils sont voisins d’immeubles mitoyens sans le savoir, l’une est chercheuse en biologie, l’autre est manutentionnaire. Tous deux semblent en quête de sens et d’amour à l’heure de Facebook et Tinder où il est facile de faire des rencontres éphémères en deux clics, mais pas de vivre le frisson de LA vraie rencontre.

L’une est maladivement timide, l’autre traîne un blues qu’il ne parvient pas à expliquer. Ils sont tous les deux maintenus dans cet état de déprime, flirtant presque avec la dépression, qu’ils essayent de surmonter avec une psychothérapie. Les deux psys, aux styles bien différents, sont interprétés avec subtilité par Camille Cottin et François Berléand, tentant de déceler l’épine dans le pied qui empêchent les deux personnages d’avancer. Bien sûr le dénouement final est prévisible, pourtant Klapisch ne se focalise pas sur la finalité mais sur le chemin qui amène ces deux êtres à se rencontrer.


Si la bande annonce du film peut lui donner l’apparence d’une comédie romantique banale vue et revue, ne vous y fiez pas. C’est un film tendre et mélancolique dont l’analyse des problématiques sociales actuelles est beaucoup plus fine et nuancée qu'il n'y paraît. Il réussit à mettre le doigt sur un malaise qui touche, finalement, beaucoup de monde : cette impression d’être perdu dans un monde ultra-connecté qui dénature les rapports humains et nous pousse dans une recherche permanente d’affection et de contact. Il nous invite ainsi à se recentrer sur nous, sur ce qu’on désire réellement et à faire la paix avec nous même. Et ça fait du bien ! Au risque de paraître cliché, ce film est un « feel-good movie », mais sans être niais, sans être naïf ou émoussé.


Le petit + : on appréciera tou(te)s le charme irrésistible de François Civil qui nous séduits et attendris tout au long du film. Ana Girardot, elle, est pudique mais sans s'effacer pour autant. On peut apercevoir Simon Abkarian en épicier méditerranéen très convaincant et Pierre Niney en ancien camarade de classe un peu bruyant.


Je ne peux donc que vous recommander d’aller voir cette merveille, j’espère que comme moi vous passerez du rire aux larmes et que vous sortirez enrichis et apaisés de votre séance.


À bientôt !

Elise

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